Sortie de crise: L’Agence internationale de l’Énergie échoue de nouveau à planifier la nécessaire sortie des énergies fossiles
L’AIE publie aujourd’hui une édition spéciale de son rapport World Energy Outlook dédié aux mesures de soutien aux énergies propres dans le contexte des plans de relance post-COVID. Et pourtant, loin de marquer une rupture avec les modèles préexistants, le rapport s’obstine à ménage toutes les formes d’énergie et fait l’impasse sur la nécessaire sortie des hydrocarbures.
Oil Change International et Reclaim Finance dénoncent cet énième rapport inepte pour guider les choix des décideurs politiques et financiers en matière de transition énergétique et appellent ces derniers à la plus grande prudence quant à ses conclusions.
POUR PUBLICATION IMMÉDIATE
18 juin 2020
Contacts:
Lucie Pinson, lucie [at] reclaimfinance.org
Romain IOUALALEN, romain [at] priceofoil.org
Sortie de crise: L’Agence internationale de l’Énergie échoue de nouveau à planifier la nécessaire sortie des énergies fossiles
(Paris le 18 juin 2020) — L’AIE publie aujourd’hui une édition spéciale de son rapport World Energy Outlook dédié aux mesures de soutien aux énergies propres dans le contexte des plans de relance post-COVID. Oil Change International et Reclaim Finance regrettent que les recommandations de l’AIE ne soient toujours pas alignées avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, objectif qui n’est même pas mentionné dans le rapport. Loin de marquer une rupture avec les modèles préexistants, le rapport s’obstine à ménager toutes les formes d’énergie et fait l’impasse sur la nécessaire sortie des hydrocarbures.
Le rapport WEO est le rapport le plus influent au niveau mondial sur les politiques énergétiques. Il est utilisé par les décideurs privés et publics pour guider les décisions d’investissement dans le domaine de l’énergie. Le rapport attire des critiques de plus en plus vives de la part d’ONG, de scientifiques mais aussi d’investisseurs privés en raison de son inadéquation totale avec les objectifs climatiques internationaux (1). Dans le contexte de la relance post-COVID, beaucoup attendaient donc enfin une rupture avec les modèles précédents et le début d’un alignement sur une trajectoire 1,5°C.
Si ce rapport conclut que les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique doivent être les piliers de la relance verte, il admet ne pas être aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris et continue d’occulter la nécessité de planifier la sortie de toutes les énergies fossiles. Pire, en ne proposant que des mesures superficielles pour réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier, l’AIE continue de soutenir le développement de nouveaux projets et infrastructures fossiles en feignant d’ignorer que ceux-ci sont incompatibles avec l’objectif de 1,5°C (2).
Romain IOUALALEN, chargé de campagne senior pour Oil Change International, dit:
“La crédibilité de l’AIE est une nouvelle fois mise à mal par ce rapport. Alors que son Directeur Fatih Birol se targue de grandes ambitions écologistes, le plan de relance proposé n’est, de l’aveu même de l’AIE, pas aligné avec les objectifs de l’Accord de Paris. L’AIE entretient une confusion dangereuse en laissant penser que les énergies fossiles auront toute leur place dans le futur et en refusant d’aligner ses recommandations avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C.
“Promouvoir les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et les transports propres dans les plans de relance est louable et nécessaire. Mais l’AIE doit arrêter de maquiller la réalité et expliquer clairement que tenir les objectifs de l’Accord de Paris passera nécessairement par un déclin planifié et socialement juste de l’industrie fossile. Les demi mesures proposées pour réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier sont largement insuffisantes et potentiellement contre-productives.
Lucie PINSON, Fondatrice et Directrice générale de Reclaim Finance, dit:
“L’AIE entend faire croire que construire de nouvelles infrastructures carbonées, en particulier gazières, destinées à durer bien au-delà de 2050 sont compatibles avec une réduction de moitié des émissions d’ici 2030 et l’atteinte de la neutralité carbone d’ici 2050. Malheureusement, le monde réel n’est pas le conte de fées raconté par l’AIE. Alors que les plans de production actuels de l’industrie fossile sont déjà très largement incompatibles avec ces objectifs, il est urgent de réorienter les investissements vers les vraies solutions – sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables – et non parier sur des technologies inexistantes pour annuler les émissions que l’industrie gazière et pétrolière s’apprête à émettre.
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Notes:
L’AIE a été critiquée par des dizaines d’investisseurs, chercheurs et ONG qui lui demandent depuis plusieurs années d’aligner ses scénarios avec l’objectif de limiter l’augmentation des températures de 1,5°C. Ces scénarios sont utilisés par les gouvernements, entreprises et investisseurs dans le monde entier pour planifier leurs investissements dans le domaine énergétique.
Le rapport Sky’s Limit de Oil Change International a montré que les émissions de GES contenues dans les champs de pétrole et de gaz déjà exploités mèneraient à elles seules à un réchauffement supérieur à 1,5°C. Résumé exécutif en français.
Ressources: